« Anthroposophie » désigne une méthode de recherche qui veut s’impliquer dans les questions essentielles concernant l’humain et ses interrelations avec le monde, en prenant en compte les dimensions matérielles, psychiques et spirituelles. Elle ne constitue pas un dogme mais une méthode, un courant de pensée qui prend sa source dans la Naturphilosophie. Il est inapproprié de parler de l’anthroposophie comme d’une personne morale, comme si elle avait des opinions ou des intentions militantes ou programmatiques. Elle veut favoriser les questionnements, et comme dans toute philosophie ou anthropologie, on trouvera des désaccords inhérents aux recherches.
La Société anthroposophique, quant à elle, est une personne morale. Toutefois, elle ne défend, elle non plus, aucune idéologie, aucune doctrine et aucun dogme ; elle promeut l’échange, l’étude et la réflexion individuelle. Le principe premier de la Société anthroposophique est la liberté de la vie culturelle et spirituelle. Elle ne peut se porter représentante, garante ou responsable des interprétations ou agissements des entreprises, associations, personnes physiques ou morales qui déclarent se référer à l’anthroposophie.
CROYANCES, PSEUDO-SCIENCE, DÉFORMATIONS…
Il est d’usage, dans ces articles critiquant l’anthroposophie, de lire des propos étranges attribués à Steiner. En l’état, toute personne sensée ne pourrait évidemment considérer ces déclarations choquantes comme recevables. Or, la manipulation de ces citations est contestable : ce sont généralement des reformulations simplistes empruntées sans examen à l’article du monde Diplomatique de 2018, de propos originaux mais extraits de leur contexte et tout simplement fallacieux et caricaturés.
L’anthroposophie serait « vent debout contre les vaccins ». Cette assertion contredit radicalement les déclarations de la Fédération internationale des sociétés médicales anthroposophiques et la Section médicale au Goetheanum, qui déclaraient dès le 6 juin 2019, que la médecine anthroposophique ne préconise pas une position antivaccins et ne soutient pas les mouvements qui s’en réclament. Répétons que, de manière générale, l’anthroposophie n'est pas un dogme et n’a pas à se prononcer pour ou contre telle ou telle chose, si ce n’est pour le libre arbitre.
Il est souvent affirmé que Steiner, tout comme le feraient aveuglément ses adeptes, se fondait sur son intuition et ses « visions » plutôt que sur la science. C’est inexact. Steiner, lui-même de formation scientifique, a rendu attentif à son époque à un développement unilatéral de la science dont nous commençons aujourd’hui à mesurer les conséquences, il n’en reniait aucun acquis. Sa proposition était au contraire d’élargir la démarche scientifique au-delà du matérialisme, pour l’approfondir et la compléter par le renforcement de la conscience morale et intuitive propre à l’être humain. La méthodologie de l’anthroposophie peut être étudiée et pratiquée par tout un chacun. De nombreux ouvrages en exposent les principes : le livre de Peter Heusser, « Les bases scientifiques de l’anthroposophie », est une référence récente sur le sujet.
En référence à ses bases scientifiques, l’anthroposophie se comprend comme une démarche de recherche. Elle ne propose pas un système de croyances, mais elle veut étudier et comprendre les phénomènes du monde, l’histoire des idées et des spiritualités, stimuler des réflexions et des idées nouvelles. Les propos de Rudolf Steiner ou d’autres anthroposophes ne sont pas compris comme un corpus de vérités absolues à adopter sans esprit critique. Chaque personne travaillant avec l’anthroposophie est appelée à développer un esprit critique et à multiplier ses sources autres que celles qualifiées d’anthroposophiques. Il est toutefois indéniable que certaines personnes adoptent les idées de Steiner (ou autre) comme des éléments de croyance. Cela relève de leur liberté et ne constitue pas en soi un délit. De son côté, la Société anthroposophique, ne considère pas l’anthroposophie comme un système de croyances, mais comme un moyen d’étude et de recherche. En conformité avec ses statuts, la Société anthroposophique réaffirme toujours son opposition envers toute forme de dogmatisme et de sectarisme.
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